La célèbre injonction semble pour beaucoup une promesse de bonheur. La phrase d’Oscar Wilde « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris », ou encore le « Deviens qui tu es » de Nietzsche (et de Nike!) dessinent des horizons radieux à nos individualités triomphantes. Ah, être enfin soi-même ! S’affirmer, crier au monde sa vérité !
Encore faut-il que la vérité qui nous habite ne devienne pas obsolète d’ici quelques jours ou quelques heures. Car tout change, tout le temps (sauf le changement).
Bien souvent l’image que l’on a de soi n’est qu’un joli kaléidoscope d’étiquettes. Chacune d’elles correspond à un moment précis de notre vie où nous avons, plus ou moins consciemment, décider de nous positionner de telle ou telle façon : s’afficher timide, en colère, fière ou maladroite. Devenir médecin ou artiste.
En laissant ces étiquettes coller à notre être, en les laissant devenir notre identité, on tombe dans un piège. L’identité se cristallise. « Moi, je suis forte et provocante ! », « Moi, je suis raisonnable et serviable !»
Si, face à une situation vous vous êtes montré fragile, est-ce que cela fait de vous une personne fragile ? Est-ce que vous n’avez pas aujourd’hui, après avoir vécu d’autres expériences, envie de tester d’autres options ?
Refuser les étiquettes comme les identités est un acte de liberté.
Bien d’entre elles ont été collées de l’extérieur, par la société ou la famille ( « Chez nous, on est comme ça », « Tu seras ceci ou cela », « Tu ressembleras à untel »). Nous croyons être nôtres des manières qui bien souvent sont empruntées.
En voulant être nous-mêmes à tout prix, nous reproduisons ce mécanisme qui nous fige dans une identité. Il arrive que la manière d’être qui nous porte et que nous avons adoptée ne nous réussisse pas. Pas tout le temps en tout cas.
Ne soyez pas vous-même, soyez plus grands que ça ! Étonnez-vous, adaptez-vous, rencontrez-vous encore et encore. Mettez-vous-en marche sans savoir où vous allez.
La question « qui suis-je ? » n’a pas qu’une seule réponse.
Ne soyez pas vous-même.
Soyez !